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4?4 JOURNAL DE HENRI III.
pagnie conjurée de tels méchans : me proposant eo moi-même que si je pouvois, avec la grace de Dieu, être cause d'empêcher un si grand carnage de gens de bien, qui étoit la ruine et dissipation de cet etat, je ferais une bonne œuvre; aussi bien que les grandes richesses qui m'étoient promises par tels voleurs et rébelles ne profîteroient en rien ; que je pouvois mourir, et au partir de là aller droit en enfer, qui étoit le grand chemin de la Ligue. Je me remettois après devant les yeux que moi qui étois françois naturel, de la premiere ville de France, où mon Roy souverain avoit pris sa couronne, et que je lui avois prêté le serment de fidélité, mêmes lorsque je fus reçu en l'état de lieutenant général en la prevôté de l'Isle de France : tellement que s'il se brassoit quelque chose contre son etat, J'étois tenu, sous peine de crime de leze-majesté, l'en avertir; joint que je vivois des gages et profits que me donnoit Sa Majesté : toutes ces considerations, dis-je, jointes ensemble, me touchèrent tellement le cœur, qu'apres avoir invoqué Dieu à mon aide, je pris résolution d'en avertir le Roy. Mais m'en proposant la maniere, je me trouvai si fort perpleix et troublé sur les difficultez qui s'y présentoient, outre la peur que j'avois d'être découvert par les conspirateurs, que je demeurai tout court : car, premierement, je n'avois personne auquel je pusse ou osasse me découvrir. Je n'avois jamais parlé au Roy, et ne me connoissoit aucunement, sinon peut-être par l'avis que je lui avois fait donner de Boulogne par M. le chancelier, depuis lequel temps s'étoit passé beaucoup de choses de grandes conséquences dont je ne l'avois averti : qui seroit cause qu'il ne me croiroit pas de ce que je lui dirois. Il me souvenoit d'ailleurs qu'on en
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